Santé des enfants : et si la mortalité infantile était en lien avec la dégradation de notre environnement ?

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Une récente étude révèle que la mortalité infantile n’a jamais été aussi élevée depuis la dernière guerre. Comment expliquer ce phénomène ?

Des enfants souffrent et meurent loin de l’agitation médiatique, autour du conflit en Ukraine, de la Covid-19 ou de la crise énergétique. Près de chez nous des drames se jouent, des enfants naissent handicapés, meurent de maladies qui ne devraient pas exister et les médecins restent muets !

On les appelle fausses couches, malformations, leucémies, cancers, maladies auto-immunes ou dégénératives et elles pourraient avoir ou ont une origine commune : l’exposition aux polluants industriels fabriqués par l’homme. Ces polluants nous rendent malades, tuent et les enfants en sont les premières victimes. L’état de santé des enfants est une lumière, celle qui relie, qui attire, et qui rassemble, elle est aujourd’hui un cri d’alarme .

Mortalité infantile en hausse

Une étude publiée en mars montre que, depuis 2012, et pour la première fois en France depuis 1945, le nombre d’enfants décédés avant 1 an augmente 1. Par rapport aux autres nations riches, les chercheurs estiment que la France déplore 1 200 morts en excès par rapport à une mortalité attendue par an. Durant cette période, le nombre de décès d’enfants âgés de moins de 1 an est ainsi passé de 3,32 à 3,56 pour 1 000 naissances, soit une hausse de 7 %, selon les données mises à jour à partir de l’analyse de l’État civil et de l’Insee.

Une démocratie sanitaire à la traîne

Malgré ces résultats inquiétants, l’objectif de réduction de la mortalité infantile en France n’a pas été identifiée comme une cible prioritaire par les autorités de santé publique et aucune analyse approfondie n’a été menée en France.

Le Haut Conseil de la Famille, de l’Enfance et de l’Age du 15/10/19 2 a même déclaré : « que le terme d’épidémie silencieuse peut être utilisé pour décrire des effets de divers toxiques et nuisances sur l’organisme des enfants, y compris leur cerveau, en plein développement, qu’un effort de recherche accru doit porter sur les effets des perturbateurs endocriniens, des  toxiques d’origine industrielle, des nuisances sonores sur la santé, et le développement global des enfants ». Ce constat a été résumé dans le titre de l’article du Groupe de travail du Haut Conseil de la Santé Publique piloté par Thierry Lang publié dans la revue Santé publique: « La Santé de l’enfant : un enjeu négligé ?» 3

Afin de mieux comprendre, reprenons les mots introductifs du ministre de la santé lors du rapport de la commission des 1000 premiers jours au mois de septembre 2020 4: « Veiller à ce que chaque enfant puisse s’éveiller et s’épanouir dans les meilleures conditions, c’est le devoir d’une société… ». Omettre de dénoncer à ce stade les expositions toxiques en période péri-conceptionnelle et pendant les premières années de vie de l’enfant relève de l’ignorance à laquelle on ne peut croire, de l’incompétence, mais surtout d’une volonté inavouée de privilégier les pollueurs, le profit au détriment de la santé de nos enfants.

Les médecins trop souvent absents du débat…

Faut-il rappeler que notre médecine préventive est sinistrée. En 2018, moins d’un enfant sur cinq a bénéficié d’un examen par un médecin scolaire au cours de sa sixième année. En 2019, seuls 60 000 examens du 9ème et du 24ème mois ont été enregistrés par mois en moyenne 5, contre 125 000 attendus au regard des effectifs des enfants de ces âges. Il est impossible d’expliquer aux parents le cancer d’un enfant par un excès de boisson ou de tabac, alors que ces maladies augmentent.

Les interrogations sur les causes et origines des maladies sont trop souvent balayés par une médecine qui se consacre aux soins plutôt que de reconnaître un manque de connaissance et de recherche dans ces domaines. Il est temps d’exiger un registre des cancers, des malformations, des maladies inflammatoires ou des complications vaccinales sur l’ensemble du territoire.

Une population qui interpelle et mobilise

  • Les « parents-experts » d’enfants malades, sont devenus des acteurs incontournables que l’état ne peut plus ignorer. Ils nous disent leurs compétences, leur besoin d’être entendus, l’envie d’être là, ou encore l’urgence sanitaire face au déni politique que représente l’épidémie de cancers pédiatriques 6 « Il ne se passe pas six mois depuis 2015 sans qu’un enfant ne déclare un cancer sur notre territoire, pourquoi dans un rayon de 15 km autour de Sainte-Pazanne 44, y a-t-il plus de cancers pédiatriques, qu’ailleurs? » s’alarment les parents du secteur. Cette forte concentration de cancers se retrouve aussi dans le Jura et dans l’Eure 7.
  • Coup de gueule justifié 2 aussi suite aux multiples conflits d’intérêts qui minent l’étude « Mobi-kids » sur les risques de tumeurs du cerveau en lien avec l’usage des téléphones portables chez l’enfant et les jeunes  8.
  • En vallée de l’Arve 9, on ne sait pas compter les cancers, mais les épisodes répétés de pollution dégradent la santé des enfants. Peut-on imaginer une interdiction de courir ou même de profiter d’une cour de récréation selon le niveau de pollution de l’air ? C’est pourtant le quotidien des enfants dans cette vallée quelle que soit la saison.

Bâtissons notre futur

« Mon ennemi, c’est la finance 10« , disait François Hollande en 2012. Des mots restés vains tant l’inaction de l’état fut grande. Nous n’avons pas d’ennemis, seulement l’envie d’offrir à nos enfants et petits enfants un futur désirable. Dire les conditions de vie, les inégalités sociales, comme enjeux de santé, ne suffira pas. Il est urgent de dénoncer l‘exposition aux polluants qui ont pour noms: pesticides, plastiques, champs électromagnétiques, particules fines.

Sommes nous prêts à continuer à jouer à la roulette russe et à attendre encore que la maladie vienne frapper un enfant, puis un autre ?

Osons la recherche et la diffusion de l’information sur les causes et les origines des maladies.

Osons l’engagement aux cotés de ceux qui se mobilisent pour la santé des enfants,

Osons un changement de cap !

«La Terre n’est pas un don de nos parents, ce sont nos enfants qui nous la prêtent »11

Dr Salsa

SOURCES

  1. Recent historic increase of infant mortality in France: A time-series analysis, 2001 to 2019. Nhung T.H.Trinh  , Sophie de Visme  , Jérémie F.Cohen,   TimBruckner, Nathalie Lelong, Pauline Adnot, Jean-Christophe Rozé, Béatrice Blondel, François Goffinet,  Grégoire Rey,    Pierre Yves Ancel, Jennifer Zeitlin, Martin Chalumea. www.thelancet.com Vol 16 Month May, 2022. https://doi.org/10.1016/j.lanepe.2022.100339 
  2. https://www.hcfea.fr/IMG/pdf/aviscommunhcfea_hcsp_151019-2.pdf
  3. La santé des enfants : un enjeu négligé en France ? Thierry Lang, Marie-Josèphe Saurel-Cubizolles, Agathe Billette de Villemeur, Groupe de travail permanent « Enfants » du HCSP Yannick Aujard, Sébastien Colson, LaureCom-Ruelle, Emmanuel Debost, Pascale Duché, Agnès Gindt-Ducros, Virginie Halley des Fontaines, Michelle Kelly-Irving, Nicole Vernazza-Licht. S.F.S.P. | « Santé Publique » 2020/4 Vol. 32 | pages 329 à 338 ISSN 0995-3914. https://www.cairn.info/revue-sante-publique-2020-4-page-329.htm?ref=doi
  4. http://solidarites-sante.gouv.fr/IMG/pdf/rapport-1000-premiers-jours.pdf
  5. https://www.ccomptes.fr/fr/publications/la-sante-des-enfants
  6. https://monaco-hebdo.com/actualites/sante/cancers-pediatriques-interview-marie-thibaud/
  7. https://actu.fr/societe/enquete-aucune-explication-aux-clusters-de-cancers-d-enfants-l-echec-des-autorites-de-sante_46004714.html
  8. https://phonegatealert.org/mobi-kids-resume-etude
  9. https://www.lefigaro.fr/sciences/au-pied-du-mont-blanc-les-habitants-de-la-vallee-de-l-arve-aux-prises-avec-une-pollution-persistante-20210125
  10. https://www.huffingtonpost.fr/emmanuel-poilane/scinder-banques_b_2323584.html
  11. Proverbe amérindien (un auteur inconnu)


L’Heureux-Nifleur 24 (LHN24)

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