Et si l’on dépassait cette question obtuse pour découvrir ce qui nous met debout ?
Question binaire s’il en est, qui ne laisse que peu de place à l’opinion et sa complexité. Notre société nous pousse de plus en plus à faire des choix « pour ou contre », si possible rapidement, en ne disposant généralement que d’une information parcellaire. Car oui, l’information doit, elle aussi, aller de plus en plus vite, et intégrer sa complexité demande du temps… que la société ne nous offre plus.
Alors prenons quelques lignes de recul, de respiration. Il nous est assez facile, généralement, d’identifier nos « pour ». Pour le bien de mes proches, pour l’amour des miens, pour la santé, pour la liberté… on ne va pas tous les citer, ils sont franchement très nombreux, et c’est bien comme ça.
Identifier nos « contre »
A contrario, il est plus complexe d’identifier nos « contre ». Non ? C’est parti, regardons ce qui se cache vraiment derrière un « contre »…
Par exemple, peut-on être « contre la guerre dans le monde » ? Ne sommes-nous pas plutôt « pour la paix dans le monde » ? Ça revient au même ? Vraiment ?
Être « contre la guerre », c’est oublier une notion fondamentale, fondatrice peut-être même. La guerre n’est qu’un moyen d’action dont nous pouvons déplorer les ravages. Nous sommes donc « contre » ces ravages, et par causalité « contre » ce moyen d’action. Mais en quoi ces ravages nous poseraient-ils problème ? Parce qu’ils viennent heurter nos fondations émotionnelles et sociales. L’humain veut prospérer, être heureux et libre. Il est donc « pour » la prospérité, le bonheur et la liberté.
Vivre nos « pour »
On la refait ? Être « contre » une chose sous-tend que nous sommes « pour » une autre chose que nous ne voulons pas voir disparaître. Et, généralement, le « contre » s’exprime vis-à-vis d’un moyen d’action, contrairement au « pour », qui révèle notre nature profonde
Il en va de même entre l’amour et la colère. Ce qui nous met en colère, en réalité, c’est qu’un évènement, ou une personne, nuit à une chose que nous aimons. L’inverse n’est jamais valable, c’est juste impossible.
Alors, tel l’ermite au fond des bois, peut-être gagnerons-nous à méditer sur ce qui se cache derrière nos « contre ». Quels sont les « pour » qui nous animent réellement, qui nous donnent vie, qui nous font respirer. Ces « pour » qui valent de s’engager dans une cause ou dans une œuvre.
Coluche a créé les Restos du Cœur « pour ceux qui n’ont plus rien », et pas « contre la faim en France ».
À méditer ?
Eve Caducée