Bruxelles : un rassemblement historique et pacifique

Manifestation Bruxelles 2022
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Une manifestation monstre a eu lieu dimanche 23 janvier 2022, à Bruxelles, pour la démocratie, la liberté et les droits de l’Homme et contre les politiques sanitaires européennes. L’Heureux-Nifleur24 est allé à la rencontre de la délégation de Dordogne, qui avait fait le déplacement. Ambiance.

Give up our Rights », « Freedom for the People. Enough is enough. Peace, Love, Tolerance. » scandent un demi-million de citoyens européens, s’adressant d’une même voix à leurs gouvernements.
Ce rassemblement, organisé à l’initiative du collectif Europeans United, recense des individus et collectifs de nombreux pays européens (1) participant conjointement aux actions, dont la Belgique, les Pays-Bas, l’Allemagne, la France, le Luxembourg, la Pologne, la Suède, l’Espagne, le Portugal, la Lettonie, la Lituanie, la Finlande, la Croatie, la Serbie, l’Italie, la Suisse,le Danemark, l’Autriche, la Norvège, le Royaume-Uni, la République Tchèque, Malte…

C’est loin, Bruxelles.

Le Collectif Santé Liberté Vendée, le collectif Toulousain et le collectif Nopass24 (2) s’y sont rendus en covoiturage au départ de Périgueux, juste après la manifestation hebdomadaire. La première nuit-étape à Lille, en hébergement citoyen, soude un peu plus ce petit groupe d’incorrigibles optimistes. La nuit est courte et le réveil matinal en ce dimanche. Bruxelles est à deux heures. Les copains des collectifs suivent les événements sur les Facebook lives et chaînes citoyennes. Sylvain (du collectif Nopass24) reçoit les infos en direct alors qu’il jongle déjà avec le GPS : la manifestation est partie, un départ anticipé a été décidé, car au vu du nombre de manifestants, l’inertie était difficilement tenable. Une fois garés sur un emplacement dégoté par heureuse coïncidence, et au pas de Jean-Pierre, le marcheur de Toulouse, les six enthousiastes rejoignent le cortège sur le parcours reliant la Gare du Nord à l’Arc de Triomphe (de Bruxelles). Au fil de l’avancée, la densité de la foule décroît et le cortège s’étire sur six kilomètres. « Je n’ai jamais vu autant de monde à une manifestation, tant de personnes et si tranquilles ! C’est wouaw !», nous confie Maëlis, étudiante de 18 ans.

Joyeux et pacifiques

Tous évoquent le caractère joyeux de ce défilé, le pacifisme évident rappelé par les organisateurs à la tribune, et la multiculturalité si bigarrée. Francis (ancien gréviste de la faim à Périgueux, en solidarité avec les professionels suspendus) nous confie avoir été particulièrement sensible à « la présence de jeunes adultes, qui se lancent dans la vie, parfois venus avec leurs jeunes enfants ». La moyenne d’âge des manifestants se situe à la trentaine. L’élan et l’espoir que porte cette génération de citoyens européens pour « un lendemain autre » seront évoqués, dans toutes les langues, à la tribune. À cette tribune, au cœur du parc du Cinquantenaire, la foule se masse pour chanter, crier, lever les bras et, d’une même voix, exprimer sa vision de l’avenir et du respect des peuples. Sylvain est impressionné par la technique, « l’organisation, les grands écrans ». Il repère aussi les hélicoptères et le drone : « Nous sommes regardés de près, sourit-il. Et toujours sous le soleil, c’est un signe ! ». Les prises de paroles s’enchaînent, le plus souvent en anglais. Maëlis et Léone (du collectif Santé Liberté de Vendée) ont du mal à suivre. Là encore, il faut s’entraider pour la traduction simultanée.

La délégation de Dordogne parmi les manifestants

Point commun : être humain

Jean-Pierre repère les panneaux et les slogans et retrouve de nombreuses connaissances croisées en d’autres lieux, en d’autres luttes. L’émotion est palpable dans les regards. « Karine c’est une petite bonne femme mais quelle énergie ! Elle organise les manifs et les actions dans sa région. Elle est top ! », nous raconte-t-il. Adélaïde, du collectif Nopass24, nous raconte avoir accosté, dans une montée, marchant à son rythme, une dame handicapée avec sa canne, sa boiterie et son courage. « Elle est là pour nous tous, malgré sa douleur. Je lui ai passé la main dans le dos et lui ai simplement dit “bravo”. Elle a ri. » Francis évoque les cultures différentes, mais aussi « les horizons différents avec, en point commun, le simple fait d’être humain ». Les Suisses, marchant au pas de la cloche des alpages, l’ont particulièrement marqué par leur constance. Il se passe trois heures de manifestation dans le calme avant que les organisateurs évoquent, à la tribune, les trouble-fêtes. Léone explique : « Ils ont demandé à la police d’intervenir et aux médias de ne pas tenir compte de ces casseurs qui ne sont pas des manifestants. Le rassemblement est pacifiste ».

Appel à la non-violence

Sylvain, toujours caméra au poing, afin de partager et diffuser les vidéos-témoignages, en profite pour expliquer à Maëlis, novice, les déplacements entre les « Robocops » et la foule des manifestants. Il analyse, partage, transmet, une démarche solidaire en somme… L’appel à la non-violence des organisateurs permet de dissocier la partie du parc en contre-bas, où sévissent sporadiquement les lances à eau et le gaz poivré, du théâtre citoyen toujours aussi chantant et coloré. La fin de la manifestation s’opère « sur volonté de dispersion des forces de l’ordre », selon Francis, qui s’amuse d’avoir commandé sa gaufre « au camion » entre deux déploiements d’escadrons. Il nous glisse cependant avoir trouvé dangereux les camions de police qui se sont élancés dans le parc, à pleine vitesse, sur un terrain mouillé, derrière des manifestants qui couraient. « Il aurait pu y avoir des accidents », déplore-t-il. « Tous ces gens, c’est impressionnant, nous dit Léone. J’ai observé les mouvements de la foule et j’ai eu l’impression d’un jeu de déplacement avec les force de l’ordre. Au milieu, j’ai vu les street médics arroser les yeux des manifestants aspergés de gaz poivré. » Adélaïde a filmé le ballet des colonnes de boucliers, s’est parfois faite dépasser et s’est retrouvée derrière les policiers. « Ils n’ont pas voulu être violents avec moi à ces moments-là. C’est bien qu’il y avait peu de risque avec les manifestants de ce rassemblement européen » explique-t-elle. Quelques arrestations ont eu lieu, et Maëlis a tout de même repéré « des policiers en civil, en bas (3).

Un message d’avenir

Les six compères regagnent l’automobile, « garée plus loin qu’à l’aller ! » selon Sylvain. Les embouteillages, à la sortie de la ville, leur laissent le temps de partager leurs impressions. Ils ont été « contents d’être là », « impressionnés ». Léone a trouvé « réconfortant d’être autant en nombre, ce qui prouve que partout en Europe, on a les mêmes besoins, les mêmes soucis, les mêmes aspirations ». Selon la police, 50 000 manifestants s’étaient donné rendez-vous à Bruxelles. « Sur les photos, ça se voit qu’on est beaucoup plus », réagit Jean-Pierre. Même si l’information est peu plausible, c’est celle relayée par les médias, hormis France Info qui annonce, avec une mise en forme originale, « 50 0000 » personnes en convergence (4) … Adélaïde, habituée aux manifestations plus locales, remarque que « l’ambiance détendue était moins militante que sociétale ». « Un message d’avenir », conclut Francis.

Odray Monhett, Ravelone et Jacky Jam


SOURCES

  1. Pays participants – Europeans United
  2. nopass24.fr
  3. Debunkage des attaques antifascistes de la manif de Bruxelles :
    https://crowdbunker.com/v/y4xTh66EVC
  4. Covid-19 : des violences éclatent en marge d’une manifestation à
    Bruxelles contre les restrictions sanitaires (francetvinfo.fr)