La culture de la paix, ou quand ne pas faire la guerre ne suffit plus…

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À l’heure où le conflit armé sévit entre Moscou et Kiev, les regards se tournent vers les populations martyres et otages d’enjeux énergétiques. L’espoir de paix se définit bien au-delà du cessez-le-feu, s’envisage par une écoute et un dialogue réciproques nécessitant une reconstruction d’un contexte favorable pour les habitants.

La démocratie est la condition préalable à l’établissement de la paix. Cet espace est cependant insuffisant à l’exercice des droits humains. En effet, un développement culturel, social et économique équitable constitue le terreau fertile de la paix, de l’éthique et du dialogue.

L’UNESCO1 estime que la paix « doit être établie sur le fondement de la solidarité intellectuelle et morale de l’humanité » et que le dialogue entre les cultures, les civilisations et les diverses origines balaie « l’incompréhension mutuelle des peuples » dont les désaccords ont trop souvent dégénéré en guerre. La philosophie non-violente de Gandhi est une posture, alors que la culture des droits de l’homme est l’une des conditions préalables à l’instauration d’un état de paix, dans tous les pays du monde.

Par ailleurs, le « droit à la paix » fait partie de la « troisième génération des droits de l’homme » ou des « droits liés à la solidarité »2.

Alors qu’appelle-t-on exactement la « paix » ?

Johan Galtung est reconnu comme le fondateur de l’irénologie3, science de la paix. Ce politologue norvégien a développé le concept de « paix positive », s’entendant non seulement par l’absence de guerre ou de conflit violent, mais aussi par un état d’équité, de justice sociale et de développement.

Il est patent que tous les problèmes ne sont pas réglés par la fin de la guerre. En réalité, il restera beaucoup à accomplir, notamment la reconstruction du pays et la création de structures permettant d’instaurer la justice sociale et de favoriser le développement de toutes les populations touchées par la guerre en question.

La paix n’est pas seulement le désarmement, elle concerne surtout la vie des populations4.

L’éducation, le vivre ensemble, la liberté d’expression

La culture de la paix est définie par les Nations unies comme « un ensemble de valeurs, attitudes, comportements et modes de vie qui rejettent la violence et préviennent les conflits en s’attaquant à leurs racines par le dialogue et la négociation entre les individus, les groupes et les États »5.

Conforter la défense des droits humains, la promotion de la dignité humaine, de l’égalité et du respect mutuel s’envisage en laissant la parole et les opportunités d’actions de développement aux jeunes générations, et en favorisant l’inclusion sociale garante de l’égalité des chances.

Donc dans leur dimension éthique, le sport et l’éducation renforcent des capacités communautaires et participent ainsi au développement de la paix.

Vous avez dit « environnement » ?

Enfin, si les changements environnementaux planétaires représentent un facteur contemporain majeur de transformations sociales, c’est parce qu’ils remettent en question non seulement la croissance et la prospérité, mais aussi l’inclusion sociale et l’accomplissement des droits humains.

C’est pourquoi l’Organisation pour la Sécurité et la Coopération en Europe (OSCE), évalue les défis environnementaux comme une source potentielle de conflit. L’enjeu des discussions est de transformer les risques environnementaux en perspectives de coopération concernant certains domaines thématiques comme l’eau, les catastrophes naturelles, les changements climatiques, la gestion environnementale saine des déchets dangereux et des substances chimiques toxiques, la sécurité énergétique, etc.6

Les combattants pour la paix

L’un est juif israélien et l’autre musulman palestinien. Tous deux sont des pères endeuillés.

Dans un témoignage poignant, Rami Elhanan7 décrit comment, pour la première fois de sa vie, à 47 ans, il a été confronté à l’existence même de « l’autre côté ».

Il avoue, presque honteusement, comment avoir rencontré des Palestiniens « comme des êtres humains normaux, très semblables à moi, avec la même souffrance les mêmes larmes et les mêmes rêves ». Meurtri par la mort de sa fille tuée à 13 ans dans l’attentat de kamikazes palestiniens, ce héros de la résilience explique avoir alors été confronté « à l’histoire, à la souffrance, à la colère mais aussi à la noblesse et à l’humanité de ce qui est appelé l’autre côté ». Aujourd’hui, sa perception des « deux côtés » est différente. La ligne séparatrice n’est pas entre Israéliens et Palestiniens ou entre juifs et musulmans mais « la ligne passe entre ceux qui veulent la Paix et sont prêts à en payer le prix et tous les autres ». Et de considérer qu’aujourd’hui, cet « autre côté » est « le groupe corrompu de politiciens et de généraux qui nous dirigent et se comportent comme une bande de chefs mafieux, de criminels de guerre qui jouent entre eux au ping-pong dans le sang, qui sèment la haine et récoltent la mort. ».

« Ça ne s’arrêtera pas tant qu’on ne s’assoira pas pour en discuter »

Une résonance est née avec un autre combattant pour la Paix, Bassam Aramin, Palestinien musulman dont la fille a été abattue par un garde frontière Israëlien. Abir avait 10 ans.

Les deux amis endeuillés parcourent sans relâche la planète pour prêcher la fin des hostilités entre les deux peuples.

APEIROGON, le livre de paix de Colum McCann, retrace l’histoire de leur combat humaniste8.

Les Casques blancs, un élan humain et solidaire aux 3 prix Nobel de la Paix

Par ces distinctions, la mission des Casques blancs qui agissent selon les principes d’« humanité, solidarité, impartialité » prévus par le droit international humanitaire, est reconnue des hautes sphères de la communauté internationale.

Alors que la révolution syrienne, initialement pacifique, dégénère en conflit fin 2012, lors des frappes aériennes du gouvernement syrien, ces anonymes se démarquent du choix de la violence d’une part et non seulement sauvent des vies, mais d’autre part, œuvrent à la réparation des réseaux électriques, l’entretien des réseaux d’égouts, le déblaiement des routes, l’élimination des munitions non explosées, ainsi qu’à l’éducation communautaire et la préparation aux attaques futures, car être pacifiste ne préserve malheureusement aucunement d’attaques violentes des agresseurs.

C’est pourquoi les Casques blancs sont devenus les héros des communautés auxquelles ils viennent en aide et redonnent espoir.

Humanistes humanitaires

En effet, dans les zones visées par les attaques, des groupes de volontaires se sont formés pour intervenir au sein de toutes les communautés à travers la Syrie, apporter leur aide à toute personne dans le besoin, quelles que soient sa religion ou ses opinions politiques.

Uniquement motivés par leur souhait de préserver la vie humaine, les Casques blancs sont nés, issus de toutes les couches de la société syrienne et prêts à payer le prix fort en menant leurs actions de générosité altruiste, n’oubliant jamais que « celui qui sauve une vie sauve l’humanité entière ».

Le rôle d’information

Les Casques blancs sont pris pour cible lorsqu’ils recueillent et montrent au Monde ce qui se passe en Syrie.

Sur place, les informations, les récits et témoignages ou encore les preuves photographiques, ont constitué une source de renseignements cruciaux pour les enquêtes internationales sur les crimes de guerre compilés par la Commission d’enquête des Nations unies, l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques et les groupes de défense des droits humains.

https://www.whitehelmets.org/fr/

La « Conférence de la Paix »

En mai 1999, 10.000 militants de la paix de tous âges se rassemblaient à La Haye, aux Pays-Bas,
afin d’étudier de nouvelles stratégies pour l’instauration de la paix contemporaine.
Parmi les personnes ayant pris part à l’appel historique de La Haye, on comptait 1.500 jeunes
originaires de cent pays. À l’issue de la Conférence de la Paix, le « Programme de La Haye pour
la Paix et la Justice au xxi e siècle » était soumis à Kofi Annan, Secrétaire général des Nations unies.
Ce « Programme de La Haye », plan en 50 points, prévoit une action mondiale des gouvernements
et des différentes sociétés civiles pour la Paix.

www.eycb.coe.int/compass/fr/chapter_5/5_12.html

Odray Monhett


Sources

  1. fr.unesco.org/content/promouvoir-la-paix-l’éthique-et-le-dialogue
  2. www.eycb.coe.int/compass/fr/chapter_5/5_12.html
  3. www.monde-diplomatique.fr/mav/179/DESCAMPS/63569
  4. www.eycb.coe.int/compass/fr/chapter_5/5_12.html
  5. culturedelapaix.org/nous/laculturedelapaix
  6. https://www.un.org/fr/chronicle/article/promouvoir-la-paix-et-le-developpement-durables
  7. uavj.free.fr/UAVJnews15.htm
  8. www.lesechos.fr/weekend/livres-expositions/apeirogon-le-livre-de-paix-de-colum-mccann-1240117

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