Les gîtes d’enfants, kézako ?

,

Ouvrir sa maison aux enfants bousculés par la vie est une aventure humaine forte qui demande bienveillance, patience et amour. C’est aussi une grande chance d’évolution pour l’accueilli tout comme pour l’accueillant familial.

Ma carrière professionnelle a été riche et avant 60 ans, en VAE (Validation des Acquis de l’Expérience), j’ai obtenu la certification d’Assistante familiale de vie ainsi que les diplômes d’État d’Auxiliaire de vie sociale (DEAVS) et d’Aide Médico­psychologique (AMP).

A 62 ans, je décide de prendre ma retraite mais pour quelques mois seulement, cependant la relation me manque et mon besoin d’accom­pagner, d’aider me taraude. Je signe alors un contrat en EHPAD.

Après 3 ans 1/2 à 20h par semaine, le contexte sanitaire et mes choix personnels interrompent cette activité. J’ai l’âge, c’est décidé, j’arrête de bosser et je me consacre désormais à mes petites ­filles…

Pourtant, je me sens en forme et je recherche la possibilité de garder un lien, d’être dans l’échange. Ma fille cadette, éducatrice spécialisée, m’évoque très régulièrement l’absence de possibilités d’accueil d’urgence ou de soutien des enfants concernés par les mesures de protection de l’enfance ordonnées par le JAF (Juge aux Affaires Familiales).

Je laisse mûrir, je réfléchis, je chemine et je franchis le pas : je souhaite devenir gîte d’enfants.

La première difficulté est de trouver le service concerné.

J’ai navigué de la PMI (Protection Maternelle et Infantile) à la préfecture, notamment le service BAFA (Brevet d’Aptitude aux Fonctions d’Animateur) à l’ASE (Aide Sociale à l’Enfance) ainsi qu’au ministère de la Jeunesse et des Sports tant au niveau 4 départemental que régional, sans grand succès, je l’avoue. C’est un professionnel du terrain, donc futur collègue, qui m’a fourni les coordonnées convoitées : service, nom du responsable, numéro de téléphone et adresse mail ; et de là, la procédure à suivre. Tout d’abord, monter un projet pédagogique qui décrit ma famille, mon cadre de vie, mes goûts, mon style de vie, ma formation, mes motivations et qui développe les activités envisagées avec les enfants ainsi que mes limites.

Rapidement, un numéro d’organisa­teur m’est attribué indispensable pour m’identifier auprès de l’URSSAF (Union de Recouvrement de la Sécurité Sociale et Allocations Familiales) après m’être déclarée comme autoentrepreneur et avoir obtenu un numéro SIRET (sorte de carte d’identité d’une entreprise). Enfin, je m’inscris sur la plateforme « Chorus.pro », qui gère les factures envoyées à l’ASE ainsi que le règlement. Toutes ces démarches, subtiles, nécessitent une logique administrative et un doigté numérique que je n’ai pas, c’est évident car une saison complète s’est écoulée.

Dernière étape

Je prépare un contrat ­type ainsi qu’un flyer que je communique aux associations sociales et aux éducatrices spécialisées de mon réseau.

Dès le début d’un séjour, ce contrat sera signé entre le responsable de l’enfant (son ou ses parents ou le responsable du service social qui suit l’enfant) et moi. Il précise le lieu d’accueil, les obligations et interdits de chacun, les tarifs (taux journalier et suppléments, par exemple si traitement médical ou kilomètres indemnisés).

Toutefois, la confidentialité du dossier de l’enfant est impérative. Aussi, je n’ai accès ni au dossier ni à l’histoire de vie de l’enfant que je recevrai.

Je suis rapidement sollicitée et dès les vacances de printemps, j’accueille un garçonnet de 10 ans, tonique, pertinent, qui participe totalement à ma vie familiale avec enthousiasme : vélo, balades à pied, chasse aux œufs de Pâques, piscine, jeux de société et même, pendant trois jours, nourrir les volailles d’un voisin absent et ramasser les œufs.

Mise à part une énurésie gérée sans difficulté et un régime alimentaire spécifique, ce premier accueil que je considère comme une période d’essai professionnel pour moi, est plaisant et rassurant. Je sais toutefois que d’autres accueils pourraient être plus délicats selon le caractère ou les particularités de ces enfants ayant un vécu compliqué, voire lourd.

Bien qu’irréguliers et peu élevés, ces revenus compléteront ma retraite.

En effet, au taux journalier de 100 euros en moyenne, 23 % de charges sociales sont à déduire, ainsi que les frais de repas, les frais de fonctionnement de mon domicile et les dépenses occasionnées par les activités de loisirs. Bien ­sûr, ce chiffre d’affaires sera intégré à la déclaration de revenus annuels.

Cette activité me permet de choisir le moment et la durée de mon engagement qui ne prend effet qu’au moment où une éducatrice me contacte. Je décide alors si je réponds positivement à la demande.

Je ressens le plaisir d’agir pour quelque chose ou pour quelqu’un sans rien attendre en retour.

En ouvrant mon foyer à un enfant que la vie a déjà bousculé, en étant à l’écoute de ses attentes ou de ses besoins, je ressens le plaisir d’agir pour quelque chose ou pour quelqu’un sans rien attendre en retour.

L’aspect professionnel de cette activité n’est jamais oublié puisqu’une équipe d’éducateurs spécialisés ou éducateurs de placement restent en lien, même si leur charge de travail ne les rend pas suffisamment disponibles.

Uniques et spécifiques, ces enfants empêchent la monotonie de s’installer. Une alchimie est indispensable entre tolérance et fermeté car chaque enfant a besoin d’une cadre bienveillant. Et des deux côtés, être capable de s’adapter permet de vivre harmonieusement les jours passés ensemble.

Toutefois, dans tous les cas, c’est à moi, adulte, de faciliter la cohabitation.

Ravel


Faire un don ? 1€ = diffusion d’une information alternative sourcée à 5 personnes.

3 solutions :

  1. HELLOASSO : https://www.helloasso.com/associations/aspir-a/formulaires/1
  2. par chèque à l’ordre « Aspir’a », envoi : Association Aspir’a BP 80123 24005 PÉRIGUEUX
  3. par virement bancaire à l’association ASPIR’A BIC : CMCIFRPPXXX – IBAN : FR76 1005 7191 2900 0205 8420 156

Recevoir LHN24 en PDF ? Merci d’écrire à : LHN24 (at) protonmail.com