Primaires citoyennes : vers un renouveau démocratique ?

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Les primaires de candidats citoyens se multiplient à l’approche des élections présidentielles. Un phénomène qui traduit le besoin croissant d’une représentativité réelle des électeurs.

En trente ans, le taux d’abstention aux élections a doublé en France ¹. Toutes les élections sont concernées par ce phénomène, y compris les présidentielles, bien qu’elles soient partiellement « préservées ».

Depuis quelques années, un nouveau phénomène grandit autour de ce rendez-vous démocratique : les citoyens candidats. Comprenez les « non professionnels » de la politique qui se lancent dans la course à la présidence, éventuellement sans parti politique pour les soutenir. `

Pour 2022, les « primaires » de ces candidats se multiplient. Fruit d’une « profonde méfiance à l’égard des partis politiques » selon cairn.info ², ces primaires portent en elles l’appétit des Français pour une politique menée autrement, détachée des stratégies déployées par les partis poli- tiques « conventionnels ».

Une quarantaine de candidats

Pas étonnant quand l’on sait que 76 % des personnes interrogées estiment les politiques français « plutôt corrompus », et 88 % que les élus « ne se préoccupent pas, ou peu, de ce qu’ils pensent », selon le Centre de recherches politiques de Sciences Po (Cevipof) ³.

Et ce ne sont pas les dynamiques qui manquent ⁴. Davantage citoyennes que populaires, ces primaires souhaitent généralement replacer le processus démocratique et l’électeur au cœur de la décision politique, en réponse directe à cette « profonde méfiance ».

France TV info a recensé, à ce jour, près de quarante candidats, pour moitié hors partis politiques conventionnels ⁵.

D’ailleurs, le sondage commandé par BonSens.org (organisation citoyenne) en date du 12 janvier 2022 donne « un candidat qui rassemblerait toutes vos idées dans un programme » en quatrième position des intentions de vote au premier tour de la présidentielle ⁶…

Un parcours du combattant

Si la Constitution permet à un citoyen de se porter candidat, qu’en est-il de la faisabilité du projet ?

Outre le fait d’être de nationalité française et d’avoir plus de 18 ans, le candidat doit recueillir cinq cents parrainages (loi organique du 18 juin 1976) auprès, entre autres, de députés, sénateurs, représentants français au Parlement européen, de maires et maires délégués, de présidents des communautés urbaines, d’agglomération ou de communes, de conseillers départementaux et régionaux.

Les parrainages doivent émaner d’élus d’au moins trente départements ou collectivités d’Outre-mer différents. Cette disposition évince les candidats n’ayant pas d’envergure nationale. Par ailleurs, le candidat est soumis à la tenue d’un compte de campagne dont les financements issus de dons, de cotisations de partis ou groupements politiques, peuvent être publics ou privés. Le non-dépassement d’un plafond de dépenses est imposé. Son montant est fixé à 16,851 millions d’euros pour chacun des candidats présents au premier tour et à 22,509 millions pour ceux du second tour.

Privilégier les « candidats sérieux »

Ainsi, lorsque le candidat est citoyen, non issu d’un parti politique, la levée de fonds résultera de donations dont le plafond individuel est fixé à 4 600 € par donateur ⁷.

Ces dispositions visant à privilégier les « candidats sérieux » permettent-elles réellement à tout citoyen d’accéder à la présidence de la République ?

Quoiqu’il en soit, il apparaît qu’actuellement, la société aspire à un renouvellement des élites politiques en vue d’une meilleure représentativité de la population.

Alors, les candidatures citoyennes : regain d’intérêt pour le fait politique et risque de dispersion électorale, ou mouvement prenant de l’ampleur pour impulser, in fine, un nouvel élan à la vie démocratique du pays ?

Ève Caducée et Odray Monhett

Sources :