Suspensions : qui est concerné aujourd’hui ?

Difficile de dresser un bilan des suspensions de personnels effectuées depuis le 15 septembre. Pourquoi tant de mystère ?

Outre les personnels soignants, pompiers, ambulanciers, il convient de rappeler, par souci d’une information complète, que l’ensemble des personnels travaillant dans la santé sont concernés par l’obligation vaccinale. Y compris les personnels d’entretien et de bureaux, qu’ils soient en contact avec les patients Covid ou non-Covid d’ailleurs.

La suspension est également mise en œuvre dans tous les lieux où le pass sanitaire est obligatoire. Lieux culturels, de loisirs, restauration, etc * . Pour les seuls personnels soignants, au lendemain de la mise en application de l’obligation vaccinale, notre ministre de la Santé an- nonçait 3 000 personnes suspendues sur le territoire national.

3 000 ou 300 000 ?

En revanche, il a omis de préciser (décidément, c’est difficile d’être exhaustif quand on est ministre) que l’Agence nationale de santé comptabilisait à cette même date, parmi les personnels soignants exerçant en hôpital, 300 000 personnes ne présentant pas le début d’un parcours vaccinal. Personnels qui devront alors faire l’objet d’une suspension….

Comment expliquer cette différence du simple au centuple ? Plusieurs éléments entrent en ligne de compte : 3 000 personnes suspendues, pourquoi pas, mais parmi quelles professions et secteurs professionnels ? Les personnels d’entretien en milieu hospitalier sont-ils inclus dans ce comptage ?

Il faut par ailleurs préciser que, plutôt que la suspension, le salarié peut mobiliser ses congés payés et récupérations d’heures supplémentaires (et nous savons qu’ils en ont !), compte épargne temps, etc. Beaucoup sont aussi en arrêt maladie, afin de subvenir aux besoins de leur famille. Des grèves illimitées sont également en place.

Quelques oublis

Bref, beaucoup de façons de ne pas prendre en compte le fait que fin septembre 2021, au moins 300 000 sur le million de personnels hospitaliers de France n’ont pas fait la démarche de recevoir leur première injection, soit 30 %. De quoi créer des dysfonctionnements lourds dans les services de santé.

Le 27 octobre 2021, Gabriel Attal constatait la fermeture d’au moins 20 % des lits d’hôpitaux. Ces chiffres prennent uniquement en compte les personnels de la fonction publique hospitalière, pas les indépendants de santé (vous savez, votre ostéopathe, votre médecin généraliste, etc.)

Ils ne prennent pas en compte non plus les personnels rappelés pour reprendre leurs fonctions, alors qu’ils ne répondent pas à l’obligation vaccinale (CHU de Saint-Étienne, par exemple), pas plus que les personnels soignants de Guadeloupe, qui, après d’âpres combats avec les forces de l’ordre, ont obtenu une levée temporaire de l’obligation vaccinale…

C’est aussi une façon de ne pas parler des données concernant l’ensemble des autres secteurs d’activités visés par l’obligation vaccinale (les indépendants, par exemple), ou par le pass sanitaire (culture, loisirs, restauration, événementiel…).

Données non communiquées

Combien de personnes en France sont aujourd’hui sous le coup d’une interdiction d’exercer, quel que soit le contexte objectif des risques sanitaires associés ?

Ces chiffres ne se trouvent pas, car ils ne sont simplement pas communiqués. Il est pourtant inconcevable de piloter l’économie d’un pays comme la France sans analyser ces données aux retombées majeures pour le PIB et la croissance.

L’évaluation de ces chiffres existant probablement, pourquoi n’est-elle pas communiquée par l’État, ou simplement par les médias, dont c’est le rôle d’informer le public ?

Eve Caducée


Sources

NOTE

*En fréquentant ces lieux, quelque part, ne soutenons-nous pas l’injustice de l’outil « suspension » ?