Discours officiel : que comprendre ?

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Entre effets d’annonces et discours contradictoires, quelle logique se dégage de la communication gouvernementale depuis le début de la crise sanitaire ?

D’après la rétrospective des interventions gouvernementales compilées par Nopass241 (vidéo « Piqûre de rappel… N’oublions pas !2 »), le dispositif d’annonces mis en place via les médias audiovisuels semble suivre une certaine progression : d’abord insuffler la notion, le concept, la possibilité ou encore l’éventualité, à laquelle il convient de préparer l’opinion publique puis, par l’emploi de la négative dans les communications, nier le recours à ces outils ou méthodes, quelques semaines avant une nouvelle
loi d’obligation, reprenant précisément ces outils et ces méthodes.

Au travers de ce montage vidéo, il apparaît nettement que, depuis l’hiver 2020 et jusqu’à la dernière allocution d’Olivier Véran, ministre de la Santé, la parole de nos représentants évolue, se précise, se densifie, voire diffère progressivement afin de ne pas heurter les consciences citoyennes par des formulations ni trop abruptes ni trop précises.

Ainsi, en janvier 2020, Agnès Buzyn, alors ministre de la Santé, minimisait le risque d’importation de cas depuis Huwan en le qualifiant de « pratiquement nul » avec « des risques de propagation faibles ».

Plusieurs seuils d’annonces

Concernant les masques, les directives initiales du gouvernement allaient à l’encontre des prérogatives actuelles. Jérôme Salomon, directeur général de la santé, insistait sur le fait que « si nous ne sommes pas malades, il ne faut pas porter de masque, parce qu’on n’est pas soignants ».

Olivier Véran asséna le 25 février 2020 que « porter un masque est inutile ». « Il n’y a pas de preuve du fait que le port du masque dans la population générale soit bénéfique, ce serait même plutôt le contraire » affirmait Édouard Philippe, Premier ministre, devant l’Assemblée nationale le 1er avril 2020.

Christophe Castaner, président du groupe LREM à l’Assemblée nationale, insuffle que « le tracking [NDLR : traçage numérique] fait partie des solutions qui ont été retenues par un certain nombre de pays et que nous [le gouvernement] avons fait le choix de travailler en lien avec eux pour regarder ces solutions ».

De son côté, Cédric O, secrétaire d’État chargé de la Transition numérique et des Communications électroniques, rassure sur le fait que « ce sont des données anonymisées qui sont effacées au bout d’un certain temps » et que l’application proposée requiert une installation volontaire promettant que « personne ne pourra retracer qui a été infecté, ni qui a infecté »

Quelques jours plus tard, éprouvant la méthode des plusieurs temps, plusieurs seuils d’annonces
permettant aux Français de se familiariser, puis d’apprivoiser une idée, Olivier Véran, devant l’Assemblée nationale, soulève que « la Corée a équipé tous les téléphones et les données personnelles de ce qui était nécessaire pour prévenir tout l’entourage de ceux qui étaient malades. »… L’application TousAntiCovid sera proposée au téléchargement le 22 octobre 2020.

Et ce malgré la garantie de Christophe Castaner, quelques semaines auparavant : un groupe d’experts est dédié au diagnostic de tout ce qui se fait dans les pays étrangers, mais « ces méthodes, ça ne fait pas la culture française et je fais confiance aux Français pour que nous n’ayons pas besoin de mettre en place ces systèmes qui, au fond, atteignent la liberté individuelle de chacun pour être efficace, donc ce n’est pas un sujet sur lequel nous travaillons ». Le pass sanitaire est instauré le 30 août 2021. Pourtant, souvenons-nous, les porte-paroles de LREM avaient sentencieusement posé une « ligne rouge » et promis que « le pass sanitaire ne pourra jamais concerner les activités de la vie quotidienne ».

Une mécanique logique et progressive

Après le port du masque ­– finalement répandu, le tracking – finalement démagogiquement démocratisé, le pass ­­– finalement imposé – Emmanuel Macron lance : « Je ne rendrai pas la vaccination obligatoire » : qu’en disent les professionnels de santé ? « J’ai toujours tenu un langage de vérité » : ah bon ?

Alors qu’Olivier Véran, le 26 août 2021, rassurait sur le fait qu’« il n’y aura pas d’impact de la 3e dose sur le pass sanitaire. Que vous alliez prendre votre rappel ou non, vous garderez le bénéfice du pass sanitaire », son allocution du 25 novembre 2021 est très claire concernant les nouvelles règles appliquées aux plus de 65 ans : le pass sanitaire sera non actif si le délai entre la deuxième et la troisième dose est supérieur à sept mois, et ce à partir du 15 décembre 2021. Le sort des plus âgés est scellé, nous ne voulons que leur bien et, par extension, nous avons été préparés à ce que toute la population de plus de 18 ans subisse la même obligation vaccinale déguisée. En effet, à partir du 15 janvier 2022, chacun.e devra présenter son pass pour accéder aux soins, à la culture, à la convivialité des bars et restaurants
ou des animations… : alors, test PCR de moins de 24 h à nos frais ou injection ? Avons-nous toujours le choix ?

À quoi s’attendre ?

Lorsqu’Olivier Véran demande « comment une vague est-elle possible alors que 90 % d’entre nous, 12 ans et plus, est vacciné, ce qui signifierait que le vaccin est moins efficace que prévu ? », devons-nous nous attendre à une telle conclusion avouée par le gouvernement dans les semaines à venir ?
Lorsqu’Olivier Véran nous enseigne que la diminution de l’efficacité d’un vaccin avec le temps est un phénomène classique, puisqu’il apprend aux corps à fabriquer des anticorps, mais que, « dans le cadre “des viru-des vaccins3 ” contre le Covid » (sic allocution du 25 novembre), la mémoire s’amenuise au bout de quelques mois et qu’il faut renouveler ce rappel « pour réactiver la mémoire immunitaire » et « avoir une démultiplication de l’efficacité de l’immunité dès les premières heures », devons-nous nous attendre à renouveler à vie ces injections-rappels ?

Lorsqu’Olivier Véran annonce en avant-première que la vaccination des 5-11 ans est approuvée par l’Agence européenne du Médicament, que le Conseil consultatif national d’éthique est saisi, que l’HAS va décrypter les données en toute transparence et que « si la vaccination était décidée, elle ne commencerait pas avant le début de l’année 2022 » parce qu’elle « nécessite des dilutions », devons-nous en conclure que nos pitchouns seront injectés en préventif dès la maternelle pour traiter un virus qui ne les atteint pour ainsi dire pas ?

Lorsqu’Olivier Véran, enfin, nous rappelle que l’aération pour laver les particules dans l’air, « c’est vivifiant » et que les capteurs de CO2 sont « utiles », devons-nous envisager qu’ils deviennent un jour prochain obligatoires ?

Étourdir plutôt qu’informer

Une impression de vertige s’empare de l’auditeur au visionnage de cette conférence de 15 minutes. Les phrases, de plus en plus longues, sont prononcées avec une élocution rapide ne laissant pas la place au raisonnement. Les exemples multiples sont savamment synthétisés sur un graphique présenté au moment où le seuil d’attention du spectateur s’affaisse gravement et permet une mémorisation et/ou une adhésion aux solutions proposées, sans même avoir eu le temps de s’interroger.

Il semble qu’une gestion sanitaire aussi démocratique que pédagogique implique de laisser le temps d’être informé, de débattre, de questionner sans asséner de conclusions péremptoires pourtant antagonistes aux dispositions constitutionnelles. Pourquoi cette course effrénée à la vaccination de masse, puisque, comme le souligne Olivier Véran, nous avons plusieurs outils pour combattre cette cinquième vague : évidemment la vaccination, mais aussi le pass sanitaire, les gestes-barrière, les traitements antiviraux oraux ?

Mais lorsqu’Olivier Véran espère une efficacité de tous ces outils « par l’ensemble de la population sans davantage de mesure de contrainte » à appliquer, devons-nous craindre un re-re-re-confinement ?

Odray Monhett


Notes

  1. NoPass24 est un collectif citoyen luttant pour le respect des Libertés. https://nopass24.fr/
  2. https://youtu.be/kMxGX2QAnlE
  3. Toutes les syllabes sont présentes dans la phrase d’Olivier Véran lors de son allocution du 25 novembre 2021.