Ode, un modèle de résistance

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Ode a 87 ans. Tous les samedis, sans masque et avec le sourire, elle participe aux manifestations de Périgueux pour la liberté vaccinale. La résistance, elle connaît.

Pourquoi viens-tu manifester ?

Je pense que c’est très important que les gens se mobilisent, qu’ils prennent conscience de ce qui se passe en ce moment pour ne pas tomber dans ce piège qu’on nous tend. On est en train de perdre nos libertés et personne ne le voit, c’est affolant ! Plus on sera nombreux, plus on fera réfléchir des gens.

Que penses-tu de la politique sanitaire ?

J’ai l’impression de revivre ce que j’ai mal vécu quand j’étais enfant. L’histoire se rejoue. Les gens se laissent endormir sans réfléchir, comme pendant la guerre ! Et cette propagande !

Je me souviens que Pétain était venu dans les écoles pour serrer la main des enfants. Quand j’ai raconté ça à mon père en rentrant, il m’a dit que s’il avait été prévenu, il ne m’aurait pas mise à l’école ce jour-là…

Oui, mon père était très lucide, il avait tout compris.

Parce qu’il avait vécu la guerre 14-18, les tranchées, à Belfort…

Mes frères étaient résistants aussi. J’ai toujours pensé à décrypter l’information, parce que chez moi, on critiquait la version officielle. Heureusement qu’on avait cette radio libre de Londres pour écouter autre chose. C’était « le levain dans la pâte* ».

En 1968, tu étais opératrice télécom et tu as rejoint les grévistes de la Poste où tu travaillais. Même combat ?

Oui, il y avait ce même manque de courage de la part de ceux qui étaient d’accord avec nos revendications, mais avaient peur de perdre leur place, leur salaire, leur petit confort. Moi, j’étais veuve avec trois enfants, mais je n’ai pas hésité, parce que je voulais être solidaire de mes collègues. Je savais que je me débrouillerai.

Et on a gagné.

Comment réagissent les gens autour de toi en te voyant vivre sans peur, sans vaccin, sans pass, sans masque… ?

Il y a une certaine admiration (rires). Mais on m’a aussi dit que j’étais « dangereuse » (rires).

Mais je suis très fière, car mes trois enfants ne sont pas vaccinés non plus. J’ai transmis quelque chose. Par contre, mes petits- enfants sont tous vaccinés. Je suis désolée pour eux.

Je pense qu’on va vers la fin d’un monde. Et le monde d’après, j’espère que ce sera un monde dans le partage, la clairvoyance, la communication, où on échangera nos savoirs, nos capacités, nos compétences.

Les peuples premiers agissaient comme ça. En tout cas, il faut rester positif, car la pensée est créatrice.

Propos recueillis par Sandra Nicouët

*Expression employée par Stéphane Hessel pour désigner la résistance (https://www.youtube.com/watch?v=8fpubXvn650).