Réduire les indemnités pour réduire le chômage ?

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Le 1er décembre 2021, les droits aux allocations chômage se sont vus restreints, alors qu’ils l’avaient déjà été le 1er octobre. La situation des demandeurs d’emploi était-elle trop « avantageuse » ?

Depuis le 1er décembre, il faut avoir travaillé six mois au lieu de quatre dans les vingt-quatre derniers mois pour prétendre à l’indemnisation. Cette décision entraîne un véritable casse-tête pour les personnes qui ont connu des périodes d’inactivités entre deux contrats ; le salaire journalier de référence est calculé sur la base des activités durant les vingt-quatre derniers mois.

Les revenus sont additionnés et divisés par le nombre de jours entre la date du premier emploi durant cette période et la date terminant ces vingt-quatre mois. Ainsi, en fonction de la date du premier emploi, l’indemnité varie, même à revenu constant sur les deux dernières années.

S’agirait-il de faire des économies sur des personnes, quitte à les rendre plus vulnérables et à les plonger dans la pauvreté ? Alors même qu’en travaillant, ils ont payé les cotisations d’assurance chômage ouvrant ces droits sans cesse diminuant ?

Risque de déclassement

Le nombre de pauvres ne cesse d’augmenter1. Dans l’esprit du rédacteur de la loi, il est admis que les difficultés à retrouver un emploi s’accumulent avec l’âge. C’est pourquoi les demandeurs d’emploi de plus de 53 ans et de plus de 57 ans voient la durée de leur indemnisation augmenter afin d’atténuer les effets de la difficulté à retrouver un emploi. Ceci vient percuter la prétention du projet de la réforme des retraites de faire travailler jusqu’à 65-67 ans.

La mise en place de ces deux réformes conduirait (celle de la retraite n’étant qu’un projet non abouti pour l’instant) au déclassement déjà constaté, mais amplifié, des salariés. En effet, elle va inciter les salariés à occuper des emplois en deçà de leur qualification et, par la même occasion, se trouver en compétition avec les primo-accédants au « marché » du travail.

Suffit-il de baisser les indemnités pour que chaque demandeur d’emploi trouve un travail ?

« Motiver » la recherche d’emploi

Le discours sur la nécessité de la dégressivité des indemnités du chômage, comme motivation première de la recherche, est revenu malgré l’impossibilité d’en faire une démonstration, et alors qu’au moins 45 % des chômeurs ne sont pas indemnisés2, et sont donc, selon le gouvernement, dans une position maximale de motivation.

Par ailleurs, d’après lui, la baisse de revenus entre l’activité et l’indemnisation qui représente une diminution au maximum de 43 % pour les personnes indemnisées (hormis les salaires supérieurs à 4 550 € qui subissent un plafonnement) ne serait pas en soi une motivation suffisante à la recherche d’emploi pour les personnes concernées.

Il est pourtant admis que les salariés des entreprises qui cessent leur activité ne s’en trouvent pas réjouis et constituent une partie des personnes surendettées3 (sans parler des suicides).

Questions

L’indemnisation en fin de droit qui représente 507 €/mois serait-elle de nature à permettre une vie décente ?

Les emplois non pourvus, dont nous ignorons les caractéristiques, permettront-ils à tous les demandeurs d’emploi d’en trouver un ?

Faut-il en conclure que les demandeurs d’emploi ne cherchent pas d’emploi ?

Le gouvernement s’appuie sur la baisse du chômage, dont il faut relativiser les chiffres en fonction des catégories de chômeurs, pour en minorer l’indemnisation, en sachant pertinemment que ceux qui restent sans emploi n’ont pas la possibilité d’en trouver un.

À la baisse des indemnités correspondrait la baisse du chômage, une boucle qui s’avérerait tout aussi vertueuse que simpliste ?

Ipsofacto


Notes

  1. 9,2 millions de personnes vivaient sous le seuil de pauvreté (1 102 euros) en 2019. Au vu de l’augmentation de la demande de RSA en 2020, on peut s’attendre à une explosion de ce chiffre.
  2. https://statistiques.pole-emploi.org/indem/publication#
  3. https://www.cnasea.fr/surendettement/les-causes-principales